Sans odeur
Il le sait, chaque matin c'est la même chose. Il passe la porte de sa chambre, lève les yeux, il a peur. Malgré la décision répétée de ne pas la regarder : elle est là : Le feu éclaire son visage, le bas seulement, les ombres amplifient leurs reliefs. Il distingue mal ses traits, mais la pénombre, ses outrances et son point de vue d'un mètre vingt l'entraînent à les voir malveillants. Tous les matins c'est la même chose, elle mélange la soupe, sans odeur.
Tous les matins, il voudrait courir, lui échapper, se réfugier.
Tous les matins, il voudrait que la femme, là-bas dans la cuisine, ouvre des bras ronds et chauds. Tous les matins, elle pourrait rassurer ses frayeurs d'ombres étirées ...
Tous les matins pourtant, debout derrière la table, propre dans un tablier blanc, sans contact, elle dit :
" Bonjour, mon fils. Tiens, bois ton lait, il est chaud."
Tous les matins, il voudrait courir, lui échapper, se réfugier.
Tous les matins, il voudrait que la femme, là-bas dans la cuisine, ouvre des bras ronds et chauds. Tous les matins, elle pourrait rassurer ses frayeurs d'ombres étirées ...
Tous les matins pourtant, debout derrière la table, propre dans un tablier blanc, sans contact, elle dit :
" Bonjour, mon fils. Tiens, bois ton lait, il est chaud."